🚶‍♀️ Marcher seule sur plusieurs jours : ce que j’ai appris après 4 jours de rando en autonomie

Je suis partie seule pour marcher quatre jours dans le Vercors, avec mon sac, mes doutes et une envie de me tester sans bruit autour. Je n’avais jamais dormi dehors plusieurs nuits d’affilée, jamais navigué seule avec une carte, jamais porté autant de poids sur mon dos. C’était court, imparfait, fatiguant… et exactement ce qu’il me fallait.

Voici un retour d’expérience concret et ce que je referais ou éviterais la prochaine fois.


1. Construire un itinéraire qui laisse de la marge

Sur le papier, j’avais planifié quatre jours de marche entre 18 et 22 km par jour, avec environ 800 à 1 200 m de dénivelé quotidien. C’est faisable. Mais avec un sac chargé, des pauses fréquentes, et l’envie de profiter, j’ai vite compris que mon timing était trop serré.

Résultat : j’ai passé deux soirées à installer mon bivouac trop tard, à manger dans le vent, et à m’endormir sans profiter du paysage.

Conseil :

  • Pour une première fois, vise 12 Ă  16 km/jour avec 500 Ă  800 m de D+ max.
  • Planifie des Ă©tapes avec des points de repli (refuges, hameaux, routes secondaires).
  • Enregistre une trace GPS sur Visorando ou Outdooractive, mais n’oublie pas la carte papier.

👉 Bonus : si tu passes par un parc naturel régional, vérifie les sites officiels qui proposent souvent des itinéraires adaptés et bien balisés.


2. Réduire le poids pour augmenter le plaisir

J’étais à 11 kg sans l’eau, et j’ai regretté chaque gramme inutile. Une polaire en trop. Une popote que je n’ai jamais sortie. Trois barres de céréales que j’ai trimballées jusqu’au retour. Quand on marche 6h par jour, tout compte.

Contenu utile et suffisant (été, sans tente) :

  • sac 35-40L
  • sac de couchage confort 5–10°C
  • matelas mousse ou autogonflant lĂ©ger
  • veste impermĂ©able
  • frontale
  • filtre Ă  eau (Sawyer Mini, Lifestraw…)
  • repas lyophilisĂ©s ou instantanĂ©s
  • petite trousse de secours
  • deux jeux de vĂŞtements + une couche chaude

À éviter :

  • livre papier (prends un podcast ou carnet lĂ©ger)
  • double popote
  • trousse de toilette pleine
  • vĂŞtements “au cas où”

👉 Poids visé : 8 à 9 kg max (sans eau).


3. Préparer la tête, pas juste les jambes

Le plus difficile n’était pas physique. C’était de ne pas avoir de témoin. Pas d’autre voix que la mienne pour valider un choix, un détour, une pause.

Le 2ᵉ jour, j’ai failli rebrousser chemin après une matinée brumeuse et une erreur d’aiguillage. Je me suis assise, j’ai bu un café tiède et je me suis dit : ok, reprends depuis là. Ce moment-là m’a plus appris que le reste.

Conseil :

  • Prends un petit carnet. MĂŞme deux phrases par jour aident Ă  faire le point.
  • Note les endroits oĂą tu peux couper, raccourcir, modifier ton itinĂ©raire sans danger.

Marcher seule, c’est accepter l’ajustement sans culpabiliser.


4. Manger, filtrer, et anticiper

Je ne pensais pas autant à la nourriture, mais marcher toute la journée donne faim. Les repas lyophilisés m’ont sauvée (surtout ceux qui se préparent à l’eau froide quand on ne veut pas sortir le réchaud). Le filtre à eau m’a évité de porter trop de poids et m’a permis de remplir dans les ruisseaux, ce qui est souvent indispensable.

Conseil :

  • Prends un mix : barres, fruits secs, riz prĂ©cuit, soupes instantanĂ©es.
  • Filtre systĂ©matiquement l’eau. MĂŞme si elle “a l’air propre”.

Et n’oublie pas les petits extras qui remontent le moral : carré de chocolat, sachet de thé, chewing-gum mentholé.


5. Dormir dehors sans stress

J’ai alterné bivouac libre (dans les zones autorisées) et nuit en refuge non gardé. La solitude de la nuit est spéciale : les bruits, le froid, le noir complet. Mais avec une routine simple (installer tôt, manger chaud, enfiler des vêtements secs), on finit par y trouver du confort.

Conseil :

  • Arrive avant 18h sur ton lieu de campement.
  • Ne dors jamais en fond de vallĂ©e humide ou au bord d’un lac (condensation, insectes, faune).
  • Laisse le lieu comme si tu n’avais jamais Ă©tĂ© lĂ .

👉 Application utile : Géoportail + couches IGN pour repérer les replats et zones autorisées.


6. Et après ?

Au retour, j’avais les jambes lourdes et la tête légère. Personne ne m’a félicitée, et c’était parfait. Ce que j’en ai tiré ne se voit pas : confiance, calme, satisfaction discrète. Ce sont ces voyages-là qui comptent. Ceux qu’on fait sans témoins, mais qui laissent des traces nettes.


En résumé

Marcher seule plusieurs jours, c’est :

  • sortir de sa zone de confort (sans danger)
  • apprendre Ă  dĂ©cider sans demander
  • Ă©couter ce qu’on ressent, pas juste ce qu’on prĂ©voit
  • faire confiance au paysage autant qu’au tracĂ©

Ce n’est pas un exploit. C’est juste un chemin. Et parfois, poser un pied devant l’autre suffit à retrouver ce qu’on croyait avoir perdu.